par Sylvain COSTES
L'autorail Renault ADP est très proche physiquement des autorails ABJ reproduits en HO par Electrotren.
L'artisan AMF 87 propose un "transkit" permettant la transformation d'un ABJ en ADP. L'ABJ 3 est le modèle de base nécessitant le moins de travail.
Les pièces en résine contenues dans le transkit:
le carter de refroidissement du moteur, typique de l'ADP
et la gaine de ventilation, prévue pour rallonger celle présente d'origine sur l'ABJ 3.
L'autorail ABJ 3 Electrotren qui servira de base à la transformation, reconnaissable à sa "coiffe bigoudenne".
Le modèle est devenu rare, mais sa découverte en bourse d'échange à seulement un peu plus d'une centaine d'euros
m'a incité à me lancer dans la transformation.
La première opération consiste à démonter complètement l'autorail. Les pièces sont triées, celles qui seront remontées ensuite sont stockées proprement pour ne pas les perdre ou les abîmer.
L'autorail en pièces détachées
Ensuite, il faut décaler la baie arrière du compartiment moteur, en réalité le moteur de l'ADP était plus gros que celui de l'ABJ, d'où cette différence.
La baie d'origine est bouchée avec un morceau de carte plastique de 1mm.
La nouvelle baie matérialisée par de l'adhésif Tamiya qui servira de guide pour sa découpe.
La nouvelle baie est ensuite ouverte en perçant un trou de 1mm dans chaque coin pour figurer les angles arrondis. Le reste de l'ouverture est taillé au cutter puis affiné à la lime.
La nouvelle baie ouverte. Elle empiète sur l'emplacement de l'ancienne, de même dimension.
La pièce qui figurait déjà la vitre viendra s'emboîter dedans.
Le gros du travail peut alors commencer: découper la toiture d'origine pour pouvoir y intégrer la nouvelle pièce.
Après prise de côtes sur le nouveau bloc de refroidissement, le trait de découpe est tracé sur la toiture à la pointe du cutter.
La découpe se fait délicatement avec une scie bocfil pour le dessus de la toiture tandis que le pourtour est découpé par plusieurs passes de cutter X-Acto.
Le toit découpé et les outils qui ont servi à l'opération.
Les joints rivetés de la toiture ont aussi été poncés là où prendra place la gaine de ventilation.
Le nouveau bloc de refroidissement est posé en place puis collé à la cyanoacrylate à prise lente (environ 1mn) pour permettre d'ajuster le positionnement.
Une fois la colle bien sèche, les joints sont mastiqués.
Les pièces sont collées en place et les joints sont mastiqués.
Le mastic Tamiya Putty peut être utilisé, mais il est de plus en plus difficile de se le procurer en France.
On peut très bien le remplacer par un mastic polyester de carrosserie. (Sintofer ou autre)
Les grilles des jupes avant sont elles aussi mastiquées puisque l'ADP n'en possède pas.
Les ABJ présentent sur le nez des couvre joints qui n'existent pas non plus sur l'ADP. Il faut les araser. J'ai ici utilisé un petit ciseau monté sur manche X-Acto
Le nez côté fourgon, débarrassé de ses couvre joints.
Après l'opération fastidieuse d'affinage de l'état de surface (ponçage, mastiquage, ponçage, mastiquage...), la caisse peut enfin être apprêtée.
La première couche d'apprêt sert généralement à découvrir les défauts de surface qui ont échappé à la vigilance du carrossier. (et re-ponçage, re-mastiquage, etc...)
Apprêtage de l'autorail avec du surface primer Tamiya en bombe, mais n'importe quel apprêt suffisamment fin convient.
Il vaut mieux pratiquer cette opération en extérieur ou dans une cabine ventilée, avec un masque à gaz.
Vous aurez reconnu d'où vient le support du modèle.
Dès que la surface est parfaite sous l'apprêt, je peux enfin attaquer la peinture, en commençant par une couche de "crème autorail 407" sur le haut de la caisse, puisque je reproduis un autorail tel qu'il était en fin de carrière, dans les années 1970.
A l'aérographe, j'effectue des mouvements amples pour apposer une couche la plus fine possible.
Première couche de peinture, ici de la nitrosynthétique de la gamme Railcolor AMF 87.
Les acrylique à solvant de Decapod vont tout aussi bien.
Quand la peinture est bien sèche (24h environ), je procède au masquage de la partie haute avec du ruban Tamiya pour les bordures (il n'y a pas mieux sur le marché !), les grosses surface étant masquées avec de l'adhésif de carrossier et même d'emballage, en prenant garde que ce dernier ne touche pas la caisse, il pourrait laisser de la colle partout...
La "moustache" de l'autorail a été découpée selon un patron avant d'être collée en place.
Le masquage collé en place, il assurera une délimitation parfaite entre les teintes.
Attention à masquer aussi l'intérieur de la caisse,
sans quoi de la peinture rouge pourrait venir par l'intérieur des baies et baver sur le crème.
Une fois le masquage bien posé, j'attaque la peinture "rouge vermillon 605" qui viendra couvrir le bas de caisse. Je fais attention de bien couvrir toutes les surfaces pour ne pas oublier un petit recoin qui resterait alors crème.
Le rouge est lui aussi appliqué à l'aérographe, dans la cabine à peinture ventilée.
Le masquage est ensuite retiré sans attendre le séchage de la peinture pour éviter d'écailler les bords qui pourraient rester collés.
Mon autorail est désormais indéniablement un ADP !
Mais il n'est pas terminé. après séchage de la peinture rouge, il reçoit une couche de vernis brillant qui en plus de protéger la peinture, permettra une adhésion optimale des décalques de marquage.
L'autorail dans ses couleurs définitives et après vernis brillant.
AMF 87 propose des décalcomanies pour décorer les autorails. Ainsi, les immatriculations, cartouches de classe, dépôt d'affectation sont collés.
Après séchage, une couche de vernis satiné cette fois vient clore la transformation.
La pose des décalques est facilitée par les produits Microscale notamment le Micro Sol qui en favorise l'adhérence
Après remontage, mon autorail ADP est prêt à prendre du service.
Pour bien faire, il aurait fallu lui mettre des bogies d'X 2400 Electrotren dont l'entraxe des essieux correspond à celui des ADP, mais les roues restent très peu visibles sous la caisse et les pièces d'X 2400 sont difficiles à trouver. Peut être un jour...
L'ADP X 4985 terminé roule sur le réseau de Capvern, au club.
Il est désormais temps de le patiner, lui donner un aspect proche de celui qu'il avait en réalité sur ses dernières années de carrière.
AMF 87 et Décapod proposent des peintures aux teintes spécialement étudiées pour la patine (noir sale, crasse, boue, poussière)
J'ai passé quelques voiles fins de ces peintures à l'aérographe, associées à des lavis de peinture à l'huile.
Les parties graisseuses comme les tampons sont par contre bien maculées d'une couche épaisse de peinture à l'huile dont l'aspect est plus vrai que nature.
Côté moteur, l'autorail est plus sale que côté fourgon, à cause des gaz d'échappement et des projections d'huile
L'autorail est désormais à prendre son service sur les petites lignes à voie unique non électrifiées du Sud-Ouest